Ce projet est né à l’université du Québec à Montréal, lors de ma maîtrise en arts visuels. À l’origine, mon intention était de trouver une manière d’aborder certains concepts clés de la philosophie de Spinoza à travers des dispositifs artistiques. Cela impliquait de trouver des stratagèmes sensoriels: installations, performances, objets performatifs, etc. afin d’impliquer le visiteur dans l’expérience même de « concepts » visées.
PREMIER problèmes lié à ces expériences artistiques: je ne voulais pas laisser de place à la subjectivité des visiteurs, je ne voulais pas que créer des expériences artistiques, mais créer des « expériences de compréhension » de la philosophie de Spinoza, la sensation que les concepts eux-mêmes peuvent susciter en nous. Pour rectifier cette situation, je ne pouvais faire l’économie d'accompagner les projets visuels de texte afin de mieux expliquer mes intentions.
NOUVEAU problème: lire dans une galerie, à mon avis, c’est souvent long, plate et contre productif. Je court-circuitais moi-même l’expérience que je tentais de mettre en place et n’annulais même pas la possibilité d’erreur d’interprétation de l’installation et de la philosophie.
Photos ci-haut: Un exemple d'installation; Un essai parmi tant d’autres, 2019. Vues extérieure et intérieure de l’objet.
Texte d’accompagnement : « Éthique 1, Définition 2. Est dite finie en son genre, la chose qui peut être limitée par une autre de même nature. Par exemple, un corps est dit fini parce que nous en concevons toujours un autre plus grand. De même, une pensée est limitée par une autre pensée. Mais un corps n’est pas limité par une pensée ni une pensée par un corps. »
Si je suis autant acharné à travailler avec cette philosophie, c’est parce que je la trouve d’une incroyable importance, d’une efficacité redoutable et aussi parce qu’elle a eu un fort impact sur moi et sur mon bonheur. Un outil qui permettrait d’améliorer la connaissance, le bonheur, la liberté et l’envie d’être utile et généreux en société ne me semble pas une chose dont il est raisonnable de se passer à notre époque (ce n’est raisonnable de s’en passer à aucune époque d’ailleurs).
Je trouvais aussi contradictoire de chercher à rendre cette pensée la plus accessible possible et de la cloîtrer dans une galerie, lieu élitiste, ouvert de 9h à 5h, quatre/jours semaine, pendant deux semaines (si chanceux).
C’est à ce moment que mon directeur de l’époque m’a conseillé de faire une bande dessinée; de cette manière le texte n’était pas une chose artificiellement forcée dans le travail, le dessin pourrait reprendre une partie de la charge de la compréhension de la philosophie et je pourrais sortir le projet des lieux élitistes d’exposition. La BD me permettait aussi d’aborder le contenu de manière beaucoup plus complète que je ne l’envisageais jusqu'alors. Elle me procurait la possibilité de bien développer les idées à travers le texte, trouver des stratégies pour expliciter les concepts, rendre le tout ludique et vous donner l’occasion de la lire quand vous en êtes le mieux disposés. Win Win Win.
Pour ceux qui sont intéressés ou si vous en voulez encore plus, vous pouvez aussi lire mon mémoire sur le projet.
Lien pour le mémoire : https://archipel.uqam.ca/15441/